mardi 29 janvier 2008

Anonymat ?

Comme suite à un post écrit au mois d'octobre où je m'interrogeais sur l'anonymat dans la biblioblogosphère, voici une intervention d'Yvonnic le 27 janvier dernier à propos de "Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?" sur le Blog de Dominique Lahary :

"Mais comment expliquer la frénésie de floraison de sites professionnels, tous plus corporatistes les uns que les autres, ces dernières années, la diminution très sensible des débats sur Biblio.fr, débats aussi rares que le nombre de ceux qui y participent (une poignée des mêmes signatures, tous gens de même statut et notoriété en général), débats reportés de fait sur maints blogs et forums, plus libres, plus ouverts (?), la baisse du nombre d’adhérents annoncée par l’Abf ?" [...] "Pourquoi les “petits personnels” ont PEUR (je l’affirme !) de s’exprimer sur les débats de Biblio.fr, pourquoi les questions qui les concernent (statuts, primes, difficultés de tous ordres avec leur hiérarchie...) sont rarement suivis de débats (animés il est vrai précisement par leurs chefs de service…). Pourquoi certaines plumes peuvent donner leur nom sans crainte, et d’autres doivent se cacher peureusement derriere des pseudos ?".

Je le rapproche des propos de Nicolas Morin, conservateur reconnu du métier, cités dans mon post du mois d'octobre :

"à publier en son nom propre, bibliothécaire dans telle institution, en parlant de sujets qui, parfois, peuvent fâcher, on se fait certes quelques ennemis. On se fait aussi de nombreux amis et, surtout, c’est le prix à payer pour avoir une vraie influence sur le métier : la profession ne répondra pas aux appels à la mobilisation lancés derrière le masque d’un pseudonyme."

Yvonnic n'a pas totalement tord sur le fait que les petits personnels de catégorie B et C n'osent pas s'exprimer librement et à visage découvert sur le Net. Pourquoi ? Tout simplement par PEUR. Est-ce couardise ? Certains pourraient le penser mais, derrière l'anonymat il est parfois plus facile de dire les choses surtout si on n'est pas catégorie A.

Malgré les bonnes paroles pleines de bon sens de Nicolas Morin, le Net reflète aussi les pratiques courantes de la profession : la parole d'un C ou d'un B a souvent moins de poids que celle d'un catégorie A. Et l'on peut parfois sérieusement s'interroger sur la valeur professionnelle des uns et des autres. Car le statut hiérarchique si cher à la fonction publique ne va pas toujours de pair avec de vrai compétences professionnelles... à méditer.

5 commentaires:

Pitseleh a dit…

Pour ma part, je préfère dissimuler mon identité et mon employeur. En tant que contractuel oeuvrant sur un poste permament, je ne suis pas à l'abri d'un coup de balai si ma haute hiérarchie (probablement plus douée pour pister un blog que pour monter une politique culturelle, du moins on l'espère pour eux) se sentait heurtée par certaines analyses.

Anonyme a dit…

Eh bien ! Vice l'anonymat s'il libère la parole. Car il est bien vrai que ne prennent part aux débats sur biblio-fr que de trop rares "signatures". Mêmes si de nouveaux noms apparaissent... pas forcément haut gradés, si tel est le problème.

Nouis saurons dans quele temps si l'anonymat permis par les blogs aura un peu linbéré la arole.

Mais au fait, l'anonymat est aussi possible dans la messagerie. N'importe qui peut créer une adresse électronique sous pseudonyme.

Pitseleh a dit…

Remarquez, rien ne m'empêche de créer un magnifique en-tête : "Assistant de conservation non titulaire à la médiathèque de Mufflins (Groland du Haut)". Cela ne changera pas grand chose, mais les tenants de l'identification pourraient y trouver leur compte.

Yvonnic a dit…

Ce n'est pas seulement une question de peur, d'anonymat, de hierarchie ou de compétences, qui sont par ailleurs de vraies questions.
Il s'agit aussi pour ces personnels de pouvoir se reconnaître à travers le discours ambiant tenu sur ce type de forum (Biblio.fr),d'associations ou de publications, notamment au niveau des sujets abordés.
Ils sentent bien que les questions qui les préoccupent et qui sont en prise directe avec leur quotidien, ne font pas recette auprès des grandes signatures qui tiennent le haut du pavé et qui définissent, de fait, une sorte de ligne éditoriale tacite, dont ils sont exclus à priori.

Ce n'est evidemment pas nouveau en soi, mais le mythe de la parole libérée par le net, fait ressurgir cette fracture de façon nouvelle.
De libérateurs potentiels d'une certaine parole, les blogs et forums sont passés très vite au statut de défouloirs faciles (mais sans lendemain)ou de clubs fermés à l'usage d'un petit microcosme de blogueurs qui, comme le signale Nicolas Morin, se connaissent tous plus ou moins.
C'est dommage.Encore une occasion ratée de passer le crachoir à ceux qui ne l'ont jamais.
Pour un quarantième anniversaire de Mai 68 (la prise de parole), c'est piteux.

AM a dit…

"De libérateurs potentiels d'une certaine parole, les blogs et forums sont passés très vite au statut de défouloirs faciles (mais sans lendemain)ou de clubs fermés à l'usage d'un petit microcosme de blogueurs qui, comme le signale Nicolas Morin, se connaissent tous plus ou moins."

C'est vrai et celui-ci fait plutôt partie des défouloirs-faciles-et-sans-lendemain. Mais les blogs ont tout de même le mérite d'exister. Les langues se délient quand même et même si c'est une goutte d'eau, ce n'est pas grave. Ca fait du bien et cela permet aussi de voir ce qu'il se passe ailleurs. C'est à prendre comme un complément d'information en plus de ce qui est publié dans la presse professionnelle et les forums.